No Bra Club

C’est l’histoire du jour où j’ai dit « non ». J’ai basculé du côté « no bra » de la force.

 

      • Pourquoi?

 

  • Depuis plusieurs années, j’ai des petites boules qui se forment entre l’aisselle et le sein. Un peu de peau, rien de dangereux mais qui survient à cause d’une mauvaise circulation du sang. Car oui, le soutien-gorge a un impact négatif sur la circulation du sang.
  • Parce que la brettelle du soutif me rentre dans la peau quand je porte mon sac au boulot et que ça fait mal.
  • Parce que j’ai mal au dos et qu’il n’y est probablement pas pour rien.
  • Parce que l‘inconfort d’une poitrine compressée, notamment en fonction des périodes du cycle féminin, a fini par me dégoûter.
  • Parce qu’il fait chaud.
  • Parce que mes lectures ont eu une influence.
  • Parce que moi.
  • Parce que ma schizophrénie a eu gain de cause:

 

Comment ne pas porter de souris chez soi sans se questionner et se ruer sur le premier venu en sortant de chez soi ?

 

      • Bilan de la journée

J’avoue, je l’avais déjà tenté une fois où j’allais à Ikea. Mais j’avais une veste. Et “personne” ne le savait. Je n’avais rien dit. Mais ce matin, j’ai pris le parti de l’annoncer. Pour me donner plus de courage ou pour chercher une opposition… je ne sais pas vraiment. Comme si cela devait concerner quelqu’un d’autre que moi.

Au final, je me suis rendue compte qu’il est plus difficile de faire cette expérience parmi les proches qu’avec des inconnus. Sûrement parce que nos proches nous regardent vraiment contrairement aux inconnus que l’on croise.

Ce qui m’a gêné c’est que la poitrine, cette peau qui fait sa vie, porte avec elle une charge érotique, consciente ou inconsciente. Porter un soutif, c’est couper ce côté là. C’est protéger cette partie de son corps. Car oui, finalement la poitrine n’est qu’une partie du corps comme une autre. Mais une partie du corps sexualisée par le regard des hommes. Ce même regard qui juge aussi la longueur d’une jupe. S’interroger sur la longueur de nos vêtements, le fait ou non de porter un soutifs, c’est vivre chaque fois notre inégalité dans l’espace public. Comme si un homme se posait la question. Ils s’habillent comme cela leur plait, par confort ou envie ou que sais-je mais rarement parce qu’il se demande : est-ce que je mets ce t-shirt au cas où mes tétons pointeraient?

Le soutif, c’est protéger la poitrine du regard d’autrui mais c’est aussi se couper de réactions naturelles. L’inquiétude du téton qui pointe… est-ce qu’on s’interroge sur notre chair de poule?
Le manque de forme lisse aussi a marqué ma journée… jusqu’à ce que je me rende compte que cette forme lisse était un diktat de la société. Aucune femme n’a la même poitrine, la norme n’est pas ” une poitrine ronde et lisse”. La norme est une poitrine (et encore). Drôle d’expérience aussi de regarder plusieurs fois aussi « comment ça fait » sans soutif. Comment ça fait mon corps non contraint à une forme précise. Comment ça fait mon corps? Je n’avais jamais autant regardé mon corps qu’aujourd’hui. Ses mouvements, ses plis. Juste un corps qui fonctionne quoi.

      • Est-ce que je vais récidiver ?

 

Oui …mais … mais je ne suis pas assez à l’aise pour aller bosser comme ça. Probablement parce que je bosse avec des ados.
Heureusement, c’est bientôt les vacances…la farniente et le maillot de bain.
Là encore, on fait preuve de schizophrénie. On porte un soutif quand on sort mais un maillot de bain, ça va. Qu’on ne me parle pas de maintien de poitrine…

Encore une expérience de la nécessité de s’interroger encore sur les inégalités femme/homme de nos sociétés. Non que toute femme doit se promener sans soutif pour être épanouie et heureuse …juste que le choix de le porter ou non, comme le choix de la longueur de sa jupe lui appartiennent, ne préjuge pas de sa vertu ou ne soit pas une raison à des insultes, des agressions …

 

 

Et vous, le no-ba?